mercredi 23 janvier 2013

L'étape reine, l'étape "Arudy".

Après un copieux petit-déjeuner, nous quittons la Cité Saint-Pierre pour nous rendre dans la banlieue paloise où est donné le départ réel. Le temps de m'apprêter et j'entame mon périple. C'est la première fois que j'aligne autant de cols en une journée, alors prudence. Confiance, mais prudence !!!! C'est dans cet état d'esprit que je m'élance. Je suis hyper concentré...

... ce qui ne m'empêche pas de profiter du paysage au cours de l'échauffement d'une quarantaine de km. Il y a de jolies maisons et puis... faut croire que c'est mon étape, mon jour. Je prends la pose devant la plaque de ce village au nom si doux, évocateur de tant d'illustres personnages... C'est l'étape à qui ?? C'est l'étape Arudy !!!!!!


Bon, assez rigolé : l'échauffement est terminé, nous sommes déjà à Laruns, au pied de l'Aubisque, première difficulté du jour. J'entends encore Eric Herbet me souffler ce conseil : roule comme un papy !!!! Alors, j'entame ce col, comme un grand-père, doucement... prudemment. La journée sera longue !


C'est joli, l'Aubisque ! Dans un premier temps, je prends la direction des Eaux-Bonnes, station thermale d'altitude. A la sortie du village, la pente augmente jusqu'à Gourette. Cette station de ski ne me laissera pas un souvenir impérissable par son architecture, mais elle est nichée dans un superbe décor. La pente est toujours de l'ordre des 9% jusqu'à l'hôtel des Crêtes blanches qui surplombe la magnifique vallée d'Ossau par laquelle je suis venu.



A l'approche du sommet, la pente s'adoucit un peu et j'en profite à fond. D'autant plus qu'à quelques encablures de la crête, j'aperçois des chevaux sauvages qui y apparaissent venant de l'autre versant. Il y a la ligne de crête et eux, au-dessus. Belle vision, vraiment !!!



Et pour le physique, mes jambes répondent, pour l'instant. La journée de repos a été bien gérée, les massages ont fait leur oeuvre et me voilà au sommet de l'Aubisque, à l'aise. Première difficulté vaincue !!!!! Le soleil est de la partie. Je sens que tout se met en place pour que cette journée soit mé-mo-ra-ble.


J'entame une descente rapide et technique, sans réel danger. J'ouvre bien !! Je me fais plaisir. Quelques kilomètres plus loin, je débute le deuxième col du jour. Ce n'est, en fait, que le prolongement du premier. C'est la même configuration que l’enchaînement Glandon-Croix de fer, dans les Alpes. Il me faut remonter quelques centaines de mètres de dénivelé en deux paliers.


En vue du premier de ces paliers, je vois une ombre au sol. C'est un énorme oiseau. Je lève la tête et j'aperçois... un vautour. J'ai l'impression d'être dans un album de Lucky Luke.  Non, je ne mourrai pas !!! Non, il n'aura pas ma carcasse !!! Elle en sera pour ses frais, la bestiole !!! :))) Et elle s'en va vers le sommet.

Dans, la deuxième partie de l'ascension, j'ai passé en revue le bestiaire des animaux pastoraux. Moutons, chèvres, vaches et chevaux sont en liberté et ne se gênent pas pour entraver mon ascension. Les vaches se baladent sur la route, sans soucis !! Et quand je lève la tête, je vois que notre rapace a rejoint une bonne centaine de ses congénères qui tournoient au-dessus du Soulor. Quel spectacle !!!! Je prends le temps de d'admirer leur vol tout en légèreté et en finesse (ça c'est gratuit pour ceux qui aiment le vol à voile).

En regardant autour de moi, je me rends compte que ce sommet est burné sévère. :)))))


La première partie s'est déroulée sans encombre. Mais je dois rester humble. Pas d'euphorie. Doucement !!! La descente de 8 kilomètres est jouette et m'amène à Argelès-Gazost où j'ai fait demi-tour, hier, lors de ma journée de repos. Je suis donc en terrain connu, ce qui n'est jamais déplaisant, et je prends la direction de Luz-Saint-Sauveur. Les jambes tournent bien, je le sens. Les sensations sont super. J'enroule facilement le 50/14. L'approche se fait à bonne allure. Je suis un peu tendu, trop concentré. Faut dire que la prochaine montée, c'est... le Tourmalet !!!!!


En cours de route, je rejoins un type qui ne va pas arrêter de me tanner pour savoir où commence la montée vers Luz-Ardiden. Je suis soulagé de me débarrasser de ce gars, dont le mauvais accent anglais commençait à me saoûler grave, en prenant la direction de Barèges et sa station de ski. C'est le début de la montée. Je suis à la sortie de Luz-Saint-Sauveur. Le première partie est  facile. A quinze kilomètres du sommet, on prend une épingle à droite et c'est parti !!! Jusqu'à Super Barèges, je suis en mode mineur. Je me fais même dépassé par un cyclo dans la soixantaine. Comme je me sens bien,  je mets une dent de plus, je reviens sur lui dans la station. J'en remets une dans la troisième partie du col, celle qui va me mener au sommet. Là, je lâche les chevaux !!! Je mets deux dents de plus et en avant !!! Je me fais plaisir. Vais-je le payer par la suite ? Je ne me pose même pas la question. Je pédale et je profite de la forme de l'instant. 


Certaines personnes m'encouragent, ça fait du bien. Je suis survolté. Le coup de pédale est léger. Aaaahhhhh, c'est bon !!!!!!!


Et me voilà au sommet. Heureux d'avoir vaincu le toit du tour 2012. Je prends le temps d'immortaliser mon passage devant le mémorial Henry Desgranges.


Mais on ne reste pas longtemps, car j'ai faim de vélo. JE VEUX ROULER !!! Dans la descente, je ne freine que s'il le faut vraiment. Je dépasse quelques voitures. Les routes sont belles, alors j'en profite pour faire un peu de vitesse. C'est grisant... A un moment, je me suis vraiment demandé si j'étais dans mon état normal. Je vois... des lamas !!!!!! Du coup, je freine un peu, je regarde une deuxième fois et... ce sont bien des lamas. Qu'est-ce qu'ils foutent  là ????? Je n'en reviens pas. C'est absolument surréaliste. Mon bestiaire du jour s'élargit. Je reprends mes esprits et repars de plus belles vers l'Aspin.


Ce col est assez simple quand on a fait les autres juste avant. Pas compliqué pour un sous et convivial ! Je le prends au train. Il commence très doucement, passe par une magnifique partie boisée et se termine dans un décor somptueux. En fait, l'Aspin, c'est mon mythe à moi, plus que le Tourmalet. Je ne sais pas pourquoi, depuis tout petit, depuis que je regarde le tour à la télé avec mon grand-père, j'entends Aspin et ce col est resté chez moi comme LE col des Pyrénées. 



Au sommet, je suis comme un gosse, ému comme c'est pas possible !!!! J'ai fait l'Aspin !!!!! Je prends le temps de savourer...


Presque à contre coeur, je descends vers Arreau. Cette vallée, je la connais pour y avoir effectué mes stages de parapente en... 2004 !! Ca ne date pas d'hier, mais je reconnais facilement la pente école d'Ens au fond de la vallée près de Saint-Lary-Soulan.

Cette séquence remember, je la laisse rapidement de côté pour me concentrer sur la route. Je suis en descente, tout de même !! A Arreau, j'entame directement le dernier col, celui de Peyresourde.

Celui-là, je m'en souviendrai à deux titres. C'est le dernier de cette journée formidable, la cerise sur le gâteau. Et puis, j'y ai rencontré furtivement un personnage. Je ne résiste pas à l'envie de placer les photos que mon père a prises de lui. Un petit moment de franche rigolade et de connivence fugace.



En fait, mon père m'a raconté que,quand il a su la raison pour laquelle je roulais, ce type a changé de visage et de débonnaire et bon enfant, il est devenu on ne peut plus sérieux. Il a expliqué qu'il faisait le fanfaron, mais qu'il attendait un coup de fil pour savoir si sa petite fille de 3 ans était en rémission... d'une leucémie. Il a chaleureusement félicité mon père pour notre initiative et nous a fait promettre de placer ces clichés sur mon blog. Non seulement, je le fais, mais c'est avec plaisir. S'il me lit, un jour, j'espère qu'il se manifestera pour me donner des nouvelles de sa fille... et j'espère encore plus qu'elles seront bonnes !!!

Cela dit, je continue à pédaler vers le dernier sommet de cette étape. Je l’atteins alors que j'ai Françoise, mon épouse au téléphone. Elle vient aux nouvelles et elle tombe on ne peut mieux. Je finis l'étape avec elle !!! Indescriptible !!!!



Veni, vidi, vici !!!!! L'étape épouvantail est pliée, il ne me reste plus qu'à me laisser glisser jusqu'à Bagnères-de-Luchon. Maître Yoda, je suis !!!! Et j'ai encore des ressources !!!! C'est à peine croyable !!!


La journée s'achève, le lumière décline et j'arrive dans la vallée, à l'endroit où sera jugée l'arrivée des pros dans deux jours. C'est fini. Je suis soulagé et follement heureux... et fier.


Le soir, nous soupons au resto. La chambre d'hôtes ne fait pas table d'hôtes. Pas grave, on l'a mérité, ce repas en tête à tête, mon père et moi. Nous sommes fourbus, l'un et l'autre. Je pique du nez au resto ! :)))) Je me suis endormi pendant le massage. Le rêve !!!! Impossible de mieux finir cette journée en tous points extraordinaire.

Magnifiques souvenirs pour une étape de légende.





2 commentaires:

  1. Trop belle cette région magnifique ;-) Et Monsieur Rudy balaise bravo!!!!
    Claudine et Serge

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  2. Je confirme, l'Aspin n'est pas très difficile que ce soit un versant ou l'autre.

    J'ai adoré la montée du Tourmalet, où tu peux vraiment adopter un rythme et le garder jusqu'au sommet en raison de la régularité de ce col.ce qui ne m'a pas plus c'est le long faux plat, monotone et tout en ligne droite, menant vers Luz-Saint-Sauveur...J'ai d'ailleurs grimpé l'autre côté (par la Mongie) qui est tout aussi plaisant à faire....
    Magnifique expérience...

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