jeudi 24 janvier 2013

Et un chrono en montagne, un !!!

Le matin, je me réveille en pleine forme. Pas une trace de ma petite sortie de la veille. Tout va pour le mieux jusqu'au moment où François, en plein petit-déjeuner, nous prévient que Peyragudes sera fermé à 16 heures. Il est 8 heures 15 !!! Je me rends de suite compte que ça va être chaud. 

Je saute dans mon costume de cycliste (option tout confort), nous prenons la traditionnelle pose avec mes hôtes et il est vraiment temps de leur faire nos adieux. Nous quittons donc ce nid douillet que tiennent les sympathiques et serviables Frédérique et François Roy à Saint-Mamet, à un jet de pierre de Bagnères-de-Luchon.


Je pars le couteau entre les dents, sans vraiment m'échauffer, en direction du col de Menté. Pas le temps de trop discuter, faut y aller. Alors j'ouvre autant que je peux. Notez qu'on voit bien, sur la vidéo, que tout est relatif !!!! J'ai dit autant que je peux...


Et j'entame le col de Menté. Il présente une pente régulière, mais raide, d'une dizaine de km. Je ne me pose aucune question, je suis en mode "faut aller vite" !!! C'est dans cet état d'esprit que je le grimpe, cet obstacle.



En chemin, entre deux de ces lacets géniaux du col de Menté, je dépasse un autre cinglé de la route : Pascal Sarah. Il effectue la traversée des Pyrénées en solo avec son vélo et sa carriole !!! Chapeau, Pascal !!! Je prends le temps d'échanger trois mots... pas quatre (!!) et je m'en vais. Nous nous sommes contactés et il m'a raconté son périple. Il a pédalé près des grands incendies du Perthus, à la fin de son aventure !!! Ca a dû être impressionnant.




Au sommet, nous sommes accostés par un groupe de personnes. Ils pensent que nous faisons partie de l'équipe Europcar !! J'ai envie de leur laisser croire ça, mais je me ravise : ils sont vraiment très avenants et sympathiques. Nous leur racontons ce que nous faisons. Ils sont sous le charme... du défi !!! 

A ce moment, nous voyons un groupe de vttistes sortir du bois. Il y a pas mal de jeunes encadrés par deux gars apparemment plus chevronnés. Ils doivent bien s'amuser dans ce terrain de jeu. En tout cas, ils ont l'air de bien se marrer. Mais il est grand temps de nous en aller ! En retard, en retard, nous sommes en retard !!!!!!

La descente est sinueuse et assez piégeuse. Les arbres empêchent de voir loin et cachent régulièrement la fin des virages. Je n'en ai cure et j'attaque tant que je peux. Je sais que ça frise l'inconscience, mais tant pis. Quand faut y aller, faut y aller !!! 

Je suis tout de même content d'être en bas pour prendre la direction opposée au... Portet d'Aspet. Casartelli me ramène à la raison et je me dis que, si je ne veux pas finir comme lui (il s'est tué à quelques dizaines de mètres de là), j'ai tout intérêt à calmer ma joie dans les descentes.

Pour l'instant, ça ne me concerne pas. Je reprends mon rythme dans sur le plat qui mène au Col des Ares. Il s'agit, en fait, d'un grand faux plat à 4% sur 8 km. Une paille !!! Emballé, pesé, c'est mesuré !!!! Au suivant !!!


Même si je n'y prête pas trop attention, je passe dans de superbes endroits !!!!


Et me voilà déjà à l'attaque de la Côte de Burs, petite côte de troisième catégorie d'un peu plus d'un km à 8%. Pas de quoi en faire un drame. Je l'avale comme les autres et en avant vers le Port de Balès. Le temps s'égraine. Il faut avancer !!!!

Et nous y voilà, devant ce col. Il débute entre deux maisons par une route relativement peu pentue qui m'amène à 12 km du sommet. Je suis en forme. Ca avance bien...


Et puis... PLUS RIEN !!!!!!!!!!! J'ai les jambes vides, sans jus. Les cent premiers kilomètres à fond y sont peut-être pour quelque chose... Je réfléchis encore !! :))

Sur les vidéos qui suivent, je suis complètement à la ramasse. Je n'attends qu'une chose : que ça passe. Je fais le gros dos et je pousse comme un âne. Enfin, un âne... FOURBU,

FATIGUE,


CLAQUE,


CREVE !!!!!


Mais j'y suis arrivé. Bon sang que c'était dur !!!!!!!!!!!!!! Je viens de passer un sacré mauvais moment et je l'ai gravi au mental, ce col, et rien qu'à ça. C'était pas un super expérience, mais une expérience quand même !!


Par mesure de sécurité, je remballe le vélo et fais la descente en voiture. Sage décision, me souffle Casartelli... Cette pause d'un quart d'heure a deux vertus : je me refais la cerise et on gagne quelques minutes, car, il ne faut pas oublier, nous sommes en retard !!!!

Mon père me dépose au pied du col de Peyresourde. J'ai descendu ce versant la veille. Les pros le descendront le lendemain. L'ambiance est totalement différente. Je respire des hydrocarbures en me faufilant entre les gens (et j'exagère à peine !). Je me dis que ce fut une excellente décision de rouler deux jours avant les pros et non la veille. Le parcours est fléché, d'accord, mais quelle ambiance détestable !!!

Mais je ne m'attarde pas à ces considérations : on est à la bourre !!!!! J'entame donc ce col physiquement ragaillardi, régénéré. et j'y vais au train. La bonne surprise du jour vient d'une voiture qui me remonte et me klaxonne depuis quelques secondes déjà. Elle s'arrête à ma hauteur. C'est Hubert DEJEAN, mon hôte de Saint-Alban, qui m'encourage comme il peut. Je me rappelle qu'il ont une maison dans le village plus loin. Lorsque j'y passe, il y est, avec sa fille, et m'attend pour m'encourager à nouveau. Je lui tape dans la main au passage. Je lui ai expliqué brièvement la situation. Il comprend que je ne mette pas pied à terre. Avant le tournant suivant, je me retourne. Il est toujours là à me regarder et m'encourager. Un grand signe de la main et je ne le vois plus. Merci Hubert... pour tout !!!!


Le sommet est réellement encombré. J'aperçois des campings-cars partout. Tout est en place pour le barnum du lendemain. La police fait son travail et écarte quelques gars complètement faits. Pas génial, mais que c'est joli !! Les deux derniers kilomètres sont assez raides avec quelques grands lacets, un peu comme dans la Madeleine (mais avec un autre décor, tout aussi majestueux).


Je passe donc au sommet, à l'endroit où je téléphonais à Françoise, hier. Il est 15h25 !!! Il me reste 35 minutes à peine pour descendre les trois km, pour prendre à gauche et monter les quatre kilomètres qui me séparent du dernier sommet du tour pour Ariane.

Dans la descente, je remets sur off et je prends beaucoup (trop !) de risques. J'arrive aux pieds de la dernière ascension. Je ne sens à nouveau plus mes pédales. Mes jambes tournent toutes seules. A trois km du sommet, à peu près, j'aperçois un barrage filtrant. Je me dis que c'est fichu. La station est fermée. On n'arrivera pas au-dessus.

Je garde tout de même mon rythme et m'avance vers la jeune dame qui fait la circulation. A une centaine de mètres d'elle, je lui crie : "Ecoutez, je fais le tour de France deux jours avant les pros pour la bonne cause. Je dois passer. J'ai une voiture suiveuse. Elle doit me venir avec moi jusqu'au sommet !!" Le ton est courtois, mais impératif. Je m'attends à me faire rembarrer gentiment, mais fermement. Elle me répond alors : "Je sais ! On est au courant ! Ne ralentissez pas !! Vous pouvez passer !! La voiture aussi !! "

Eeeuuuhhh... bon, ben j'y vais alors !!! Je suis positivement abasourdi par ce que je viens d'entendre. A ce jour, quelques mois plus tard, je ne sais toujours pas si elle était réellement au courant de quelque chose, ni comment les gens de Peyragudes auraient bien pu avoir été mis au parfum. La notoriété, peut-être ! :)))))))

Bref, je termine mon ascension les jambes et le coeur légers.


Et nous arrivons au sommet. L'arrivée est jugée au fond de la station. Pour y arriver, nous passons à côté de l'aérodrome dont la piste épouse le relief du terrain (c'est impressionnant) et traversons tout le village lové dans un superbe domaine skiable.


Voici la photo officielle du dernier col du parcours. C'est spécial. La fin se rapproche !! Mais on profite.


Nous ne restons pas longtemps : une équipe a déjà dressé une rangée de barrière nadar d'à peu près 400 mètres en 20 minutes !!!! Pour repartir, nous devons slalomer entre le camion, des voitures, des ouvriers. Une vraie ruche !!! Pour finir, on nous ouvre gentiment une barrière et nous quittons les Pyrénées en direction de Caraman où nous attendent Claudine et Serge CARRERE.

Je suis impatient de les rencontrer : Claudine me soutient depuis le début du projet. Elle a accepté immédiatement la demande de Lucky pour me loger, a fait des pieds et des mains pour rameuter la presse locale et me suit et m'encourage avec une assiduité qui me réconforte. Elle et Odile Briquet, de Rouen, ont été épatantes à tous niveaux.

C'est Serge, son mari, qui nous accueille chaleureusement et en toute bonhomie. J'embrasse Claudine et nous faisons connaissance avec son fils et sa belle-fille, qui nous quittent quasi immédiatement.

Les présentations terminées, elle m'envoie à la douche. "Pour aller dans le jacuzzi, il faut s'être douché". Un jacuzzi !!!! Elle l'avait préparé à l'insu de mon plein gré !!!! Bien sûr que je vais à la douche !!! Et vite fait, en plus !!!! J'en sors pour me plonger dans ce bain à bulles. Aaaaaahhhhhh !!!!! Une demie-heure de pur bonheur.


Après ça, un petit massage ??????? Et bien oui !!!! Le panard total !!!!! Après cette journée extrêmement stressante et difficile pour moi, ce n'est pas de trop.

Et puis ??? Interview avec la très sympathique Geneviève ROUSSE, correspondante pour la Voix du Midi laurageais. Nous sommes sur la terrasse avant de la maison à siroter un petit apéro. Elle est pas belle, la vie ??? A cet instant précis, le Port de Balès est très, mais alors très, très loin !!! :))))

Nous passons à table pour partager un savoureux dîner et un agréable moment de détente à quatre. Cette soirée est la plus "zen" du tour. Le plus dur est derrière. Serge et Claudine sont heureux de nous accueillir et nous sommes, nous-mêmes, heureux d'être là. Que demander de plus ???

Le lendemain, j'offre à Serge un des deux maillots officiels du grand départ du tour de France 2012. Il est aux anges et me promet de se remettre au vélo.


Après un petit déjeuner convivial, il est temps pour nous quitter nos amis et de nous en aller vers Blagnac, au nord de Toulouse, pour rejoindre le parcours de l'étape qui m'amènera à Brives-la-Gaillarde.


Merci beaucoup Claudine, merci encore à toi, Serge !!

1 commentaire:

  1. Nous te dirons merci a toi Rudy pour ton sourire ... tu nous a mis du soleil dans notre maison .Et merci à ton papa pour sa gentillesse. Nous te disons bonne route et peu être a une future rencontre ... gros poutous amicaux :-) Claudine et Serge

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